vendredi 29 janvier 2016

Daido MORIYAMA, photographe


Cet article n'a d'autre but que de s'adresser à mes amis qui aiment la photographie. J'y reprends des informations trouvées dans mes lectures. But : essayer de se faire une idée de ce photographe original et quand même multiforme.
Daido MORIYAMA (1938) a beaucoup photographié le quartier de Tokyo où il habitait : SHINJUKU, très vivant, actif économiquement et très cosmopolite. On dit que ses photographies témoignent de l'évolution des moeurs dans le Japon de la deuxième moitié du 20e siècle (Wikipédia). Il aime s'y promener, prendre et reprendre des photos des mêmes endroits (ce qui montre à l'évidence l'évolution). C'est un chasseur d'images qui se définit lui-même comme un chien errant. Et ceci pendant près de cinquante ans !
On connaît ses photos en noir et blanc, aux contrastes très marqués et au grain visible. Il choisit des angles de vue originaux où il intègre différents plans où l'on trouve les inscriptions de la ville, les pubs, les reflets dans les fenêtres...
Il a publié toutes ses photographies dans des dizaines d'ouvrages, souvent en auto-édition.
Un photographe nommé Eric Kim publie un blog où il a analysé la manière de travailler et les choix esthétiques de Daido MORIYAMA. C'est très documenté et je vais reprendre les cinq points de son étude.
1. Il faut faire de l'appareil photo son esclave. Cela veut dire prendre des photos, beaucoup de photos. La photographie n'est pas l'appareil photo. Il utilise des compacts tout simples, sans réglage pour éviter que les gens ne détournent leur regard si vous les visez avec un reflex. "N'importe quel appareil est très bien, dit-il, ce n'est qu'un moyen de prendre des photos".
2. La célèbre photo du chien : "Je suis sorti de l'hôtel le matin pour faire des photos, le chien était juste là. J'ai immédiatement pris plusieurs photos. J'ai compris ensuite que ce chien était comme moi. Je suis un chien errant". Daido MORIYAMA erre dans les rues : " J'aime observer les gens dans les villes où il flotte toujours d'étranges parfums. J'adore me terrer dans les rues mystérieuses". Ces phrases sont extraites de films sur le photographe.
3. Il continue à photographier avec énormément de plaisir. "La qualité et le volume des désirs d'un homme changent avec l'âge. Mais le désir est toujours là, très réel. La photographie est l'expression de ces désirs. J'ai toujours senti que le monde est un espace érotique. Quand je marche, mes sens lui tendent la main". Et puis : " Chaque ville est une oeuvre d'art. Il y a encore des millions de choses qui méritent d'être photographiées".
Après 50 ans à marcher dans les mêmes lieux, il est toujours attentif à toutes les possibilités qu'offre la rue.
4.La grande majorité de son travail est en noir et blanc, pour l'esthétique sûrement.
"Le noir et blanc contient des éléments forts de l'abstraction ou du symbolisme. Et puis, il a aussi, pour moi, un côté érotique. Voir des photos noir et blanc au mur, lors d'une errance, me donne toujours une réponse viscérale".
Mais son intérêt pour la couleur augmente actuellement.
5. Est-ce que ces instantanés forment un auto-portrait de lui-même?
Daido MORIYAMA aime le terme instantané pour sa décontraction. On peut dire que c'est un état d'esprit général aujourd'hui où l'acte photographique fait partie des gestes quotidiens. L'instantané est la célébration de la vie qui montre chaque fois une partie de ce que nous sommes. "La photo permet de découvrir qui est le photographe. Quand je vois des travaux sombres et déprimants, j'imagine que le photographe a une vision cynique de la société. A l'inverse, ceux qui prennent des photos colorées et vives célèbrent la joie et la beauté. Et c'est sans doute eux-mêmes. Si je regarde mes photos, la majorité a tendance à être assez triste et déprimante. En fait, je hais le consumérisme, le monde de l'argent...".

Exposition à la Fondation Cartier pour L'art Contemporain, Paris du 6 février au 5 juin 2016.









 Photos repiquées sur le net.

mardi 19 janvier 2016

Leïla ALAOUI, photographe

Pour avoir passé 12 années au Maroc, j'ai gardé pour ce pays une place de choix au fond de mon coeur. Je suis son actualité et j'apprécie particulièrement toutes les représentations photographiques que mes collègues photographes en donnent.
Et ce matin, j'apprends une véritable tragédie. Le décès de Leïla ALAOUI (1982) des suites de ses blessures dans l'attentat effarant de Ouagadougou.
Comment a-t-on pu détruire tant de beauté et d'intelligence ? 


Leïla ALAOUI (photo Al Jazeera Pictures)

Son exposition intitulée Les Marocains vient juste de se terminer à la Maison Européenne de la Photographie à Paris : son approche photographique mérite qu'on en reparle encore.
Elle a fait le tour des campagnes marocaines dans un studio mobile pour trouver, sur place, les différents groupes ethniques qui composent ce pays, essayant de donner une vision documentaire authentique. Avec une forme esthétique plasticienne. Ce sont des portraits grandeur nature qu'elle exposait. 
Je me permets de publier quelques images pour qu'on puisse apprécier encore et encore son travail.







Il est évident pour ceux qui vécu un certain temps au Maroc, qu'on peut rattacher chaque personnage à des scènes que nous avons vécues. 
Il faut faire un tour sur son site www.leilaalaoui.com pour connaître tout son travail photographique.
Et avoir une pensée pour cette femme qui nous a été arrachée (comme tant d'autres) par les barbares.