Vous n'échapperez pas à l'image de ces deux jumelles (semblables et très différentes dans le regard en même temps) qui depuis quarante ans est l'un des symboles (politiquement correct !) de l'oeuvre de Diane ARBUS.
Tous les journaux et magazines annoncent l'exposition au Musée du Jeu de Paume à Paris jusqu'au 5 février 2012. Un évènement et une découverte pour beaucoup.
Pour ma part, voilà exactement 36 ans que je feuillette ce livre qui m'a souvent interrogé sur le sens à donner à la photographie. Ce livre, publié au Chêne en 1973 est la réplique américaine de celui publié chez Aperture l'année précédente.
Ce portrait de Diane ARBUS est peu divulgué. Il est l'oeuvre de John R. Gossage (1946) dont la passion était de photographier ses amis. Ce portrait a été publié dans la revue suisse Caméra (août 1970). Le moins qu'on puisse dire, c'est que la photographe ne respire pas la joie de vivre. Elle se suicidera l'année suivante.
Diane ARBUS (1923-1971) a bénéficié d'une bourse pour réaliser un travail sur les rites sociaux de la société américaine. Elle fit ses prises de vue à New-York et ses alentours.
Elle était fascinée par les personnages hors normes : géants et nains, travestis, marginaux, handicapés, exclus de toutes sortes... Ce qui me frappe, c'est sa force de conviction pour obtenir l'accord de ses modèles. Il se dégage une énorme étrangeté de ces portraits documentaires très introspectifs.Elle choisit le format 6 x 6 pour être au plus proche de la réalité (absence de grain).
J'aime beaucoup le texte de John Szarkowski (alors conservateur au MAM de New York) qui la présente dans ce premier livre : "Ses photos concernent des réalités privées plutôt que sociales, leur cohérence est plus psychologique que visuelle, elles s'intéressent à l'aspect originel et mythique plus qu'à l'anecdotique et au temporel. Son véritable sujet n'est rien moins que la vie intérieure unique propre à chaque être qu'elle photographiait".Ci-dessous une des photographies les plus connues de Diane ARBUS :
Je me suis toujours figuré qu'elle était le résultat d'une rencontre. Or, je viens de découvrir cette planche-contact qui me laisse pantois.
Cette photographie est-elle la première ou la quatrième de la planche (le numéro est illisible)? Quoi qu'il en soit, en fonction des autres images, on peut penser à une mise en scène car ce garçonnet n'est pas aussi étrange qu'il paraît sur la photo choisie. Est-ce important de le savoir ?
Pour les provinciaux qui n'auront pas l'opportunité d'aller au Jeu de Paume, il y a la possibilité de feuilleter un album sur le site suivant http://diane-arbus-photography.com/