samedi 18 janvier 2014

Ed Van der ELSKEN, photographe

Je viens de découvrir l'existence de ce photographe, Ed Van der ELSKEN (1925- 1990) par le livre publié en 1981 : PARIS ! Photos 1950-1954 (Ed. Booking International).

Couverture aguichante qui n'a pas grand chose à voir avec le contenu.
Livre très intéressant qui permet de connaître les débuts photographiques de ce photographe néerlandais débarquant à Paris après guerre (1950). Il raconte, à la première personne, les épisodes des premières années de sa vie dans notre capitale.
Autoportrait

Il trouve du travail au labo Pictorial Service où il rencontre Ari Kando (réfugiée hongroise avec trois enfants). Ils se mettent en ménage mais Ed quitte Picto pour photographier Paris : la rue, les clochards...
Vendeuse de billets de Loterie

Avaleur de sabres

Pour gagner sa vie, errer dans les rues à la recherche d'images intéressantes ne suffit pas. Sa bonne étoile le fait rencontrer le rédacteur en chef de l'Album du Figaro, genre de magazine comme Vogue, à l'époque. Quelques piges lui font découvrir le travail en studio (mode, personnalités), mais comme il dit :" J'avais toujours photographié les gens de la rue, les pauvres, les laissés-pour-compte...[ce bon monsieur] a fini par comprendre que nous n'étions pas faits pour rester ensemble".
Et le voilà qui rentre à MAGNUM. "Au début, j'ai eu droit aux restes, à tout ce qui ne les intéressait pas. [...] J'ai fait un important reportage sur le Guide Michelin pour un magasine américain, [...], j'ai dû couvrir la première du Lido sur les Champs Elysées. En fait, je trouvais ce genre de travail complètement débile (même si photographier les plus jolies filles du monde, une bouteille de champagne sous le nez, n'est pas vraiment un sale boulot !"
Reportages alimentaires (mode pour le magazine hollandais Margriet, Nuit de Montparnasse, Kermesse aux étoiles, courses cyclistes...)
"Je crois qu'on peut dire que nous étions pauvres. On se crevait au boulot mais on arrivait juste à joindre les deux bouts. Ata travaillait encore encore plus dur que moi, le ménage, les gosses, le métro au petit matin pour aller bosser au labo. Moi aussi, je travaillais dur, mais en artiste libre, faisant mes photos au hasard de mes errances et de mes rencontres dans les rues, photographiant à Saint-Germain des Prés ma petite bande de marginaux en révolte. Grâce à Ata qui trimait et faisait bouillir la marmite, j'ai pu me consacrer à mon travail d'artiste". Les photos familiales de cette période restituent bien l'univers plus que modeste dans lequel la famille vivait.
Le travail photographique d'Ed Van der ELSKEN retenu par l'histoire est son reportage réalisé sur une petite bande de jeunes marginaux désabusés, en rupture de société quinze ans avant 68. Ed dit : "Sombres, déçus, sans avenir, repliés sur eux-mêmes, ils étaient en révolte contre le monde extérieur, la société, les autres. Des années, j'ai continué à graviter autour d'eux, à faire partie de leur bande..." Avec suffisamment de distance pour réaliser des milliers d'images. L'égérie de cette troupe, Vali Myers (1930-2003), une beauté d'origine australienne raconte :"Les kids qui ont survécu, tu les comptes sur les doigts d'une main. C'était dur et rude, un monde sans illusions. C'étaient des enfants déracinés venus de tous les coins d'Europe. Beaucoup n'avaient ni toit, ni parents, ni papiers. Pour les flics, leur statut légal, c'était celui de vagabonds. [...] On vivait dans la rue, les cafés comme une bande de chiens bâtards. [...] On se débrouillait toujours pour avoir du gros vin et du hasch d'Algérie".
C'est ce reportage qui à été présenté à Paris (Galerie Vu) l'automne dernier.








La fin de ce séjour parisien est marqué par le retour à Amsterdam dans de bonnes conditions. Pour la suite, il faut chercher les infos sur le net. Ed Van der Elsken a continué un travail de reportage, publié et réalisé de nombreux films documentaires.
Voici un portrait de l'artiste en 1988.

Une lecture de sa page Wikipedia complétera ce portrait et fera comprendre qu'il fut un photographe important.




jeudi 16 janvier 2014

Jean-Paul MICHEL : souvenir

Dans le journal de Gilles-Henri POLGE (voir article précédent), je découvre l'annonce de la disparition de Jean-Paul MICHEL, acrobate sur monocycle, au mois de décembre.
J'ai eu l'occasion de le voir en piste au moins deux fois : sous le chapiteau du Cirque Zavatta Fils en 1993, et en 1997, chez Joseph Bouglione.
J'ai conservé cette modeste photo prise chez Zavatta.

Le réalisateur de documentaires humanistes, François Rosolato, a réalisé deux films pour comprendre la personnalité de Jean-Paul Michel dans la poursuite de son rêve : en effet, ce fils de paysans a commencé tout jeune à s'entraîner sans faiblir dans sa ferme sous l'oeil bienveillant de ses parents.
Le premier film, Jean-Paul Michel (18 mn en 1990), participa à des festivals et fut présenté sur Canal+.
Le second film, Le rêve de l'acrobate (26 mn x2 en 1999) a été réalisé pour FR3.
Je ne les ai pas vus mais il semble bien que la question que se pose le réalisateur est de savoir si l'artiste considère avoir réussi sa carrière d'acrobate.
Image d'accompagnement du second film

Pour terminer, retour à Gilles-Henri POLGE où, dans son cliché, l'éclairage du Cirque d'Hiver sculpte l'homme et sa machine. Salut, l'artiste.



Blog de Gilles-Henri POLGE : superbe galerie d'acrobates

Si vous aimez regarder de la bonne photo de cirque, il faut absolument faire un tour sur le blog (le Journal) de Gilles-Henri POLGE : ghpolge.typepad.com/blog/acrobates/
En décembre, il y a publié quelques petites merveilles argentiques en noir et blanc.
Pour vous mettre l'eau à la bouche, voici quelques icônes, comme on dit. En tout cas, des moments très forts enregistrés avec une technique parfaitement maîtrisée.




Les amateurs auront reconnu, dans l'ordre, Iuri Alexandrov, Paolina Folco et Pascal Angelier.