Ce n'est pas très rationnel, mais l'ACN m'a invité à participer au "jugement". Je crois qu'ils souhaitaient quelqu'un de la région. Les deux autres juges venaient du Photo-Club du Pays Granvillais (Nicole Gabriel et Pierre Etienne), deux photographes appréciés dans le milieu des clubs photos.
Je n'aime pas beaucoup juger dans le domaine de la photo où je préfère ne parler que de ce qui m'intéresse. Quarante ans de pratique quasi quotidienne de la photo m'ont conduit à des choix bien éloignés des salons photographiques organisés par les clubs. Il n'y a pas si longtemps, un ami renommé dans le milieu des salons, à qui je montrais un livre que j'avais publié, me disait (gentiment) que même pas une sur dix n'y serait sélectionnée. Il ne m'apprenait rien.
A l'époque argentique des années 70, j'ai participé à nombre de salons internationaux et français en réalisant des images "adaptées" à ce qui avait l'heur de plaire à l'époque. Et qui est à peu près semblable, dans l'esprit, à ce qui se fait aujourd'hui. Peut-être venais-je chercher une confirmation en acceptant de participer à cette sélection pour le salon ?
La pratique de l'activité en club photo présente des aspects positifs et enrichissants : convivialité, perfectionnement technique, confrontation de points de vue, compétition... Ce qui peut être suffisamment motivant comme cela l'a été quelques années pour moi. Mais le but de toute photographie que l'on réalise ne peut se limiter à reproduire ce qui se fait (bien) partout. Je conçois cependant que ce peut être un objectif suffisant pour certains amateurs.
J'ai pu ainsi voir, à Plœmeur, 800 photos. Du paysage, encore et surtout du paysage, du graphisme avec le personnage (de petite taille) placé dans le 1/3 de la composition, peu-très peu-d'humain, pas de reportage donc pas beaucoup de vie. Quelques portraits de studio... La plupart du temps, des images techniquement parfaites, de beaux tirages sur des papiers chiffon (genre BFK Rives). Mais la photo, c'est, pour moi, le contenu.
photo Patrick Barbot
Avec Jacques, mon assesseur du club
Considérant toute l'application, la passion peut-être, l'investissement de temps et d'argent qu'avaient déployés les participants au salon, j'ai choisi d'emblée de ne mettre aucune note en-dessous de 10/20, et de noter 10 toutes les photos présentant un intérêt que je trouvais infime. Ce qui a correspondu à 70% de l'ensemble des photos et a permis d'être plus attentif aux autres.
Le salon ne pouvant exposer que moins de 200 photos, le choix était, de toutes façons, limité à 25%. 187 photos sont retenues pour l'exposition.
Je pense que ma façon de pratiquer n'a pas modifié la sélection finale.
Nous avions à sortir du lot notre coup de cœur. Voici les miens.
photo Paul Catry
photo Muriel Rebola
A mon sens, ce choix montre l'énorme potentiel créatif qui existe dans les clubs. Encore faut-il le mettre sur le devant de la scène. Je l'ai dit, quasiment pas de photo de reportage, de vie. Sans doute parce qu'elles ne correspondent pas aux choix habituels des sélectionneurs.
L'organisation d'un salon photographique n'est pas une sinécure (secrétariat des participants, mise en place de l'exposition, retour des photographies...).
J'ai heureusement trouvé une convivialité très très sympathique pendant la sélection. Il reste à souhaiter que de nombreux visiteurs fassent le déplacement.