mercredi 3 février 2016

Frédéric CORNU, photographe

Je connaissais ce photographe pour son travail réalisé il y a 25 ans sur les Charitables, une confrérie du Nord qui porte les morts en terre et aide les déshérités (entre autres).
Mon ami Roland vient de m'offrir le dernier livre de Frédéric CORNU (Balnéaires), sachant que ses portraits me feraient sûrement réagir.
C'est effectivement l'envie de mieux connaître son travail photographique et de vous le faire partager qui m'est venue. Un tour sur son site a été indispensable : www.frederic-cornu.com.
Avant de vous parler du livre, il me semble intéressant de faire le tour des sujets qu'il a travaillés.
-Les Charitables de Béthune
-Cours : les courées dans l'habitat collectif lié à l'industrie textile (portraits et décors)
-Délivrance : c'est le nom d'un quartier de cheminots à la périphérie de Lille (portraits et habitat)
-Frères Humains : moines et moniales cisterciens (portraits)
-Balnéaires : sur la plage (portraits)
-Jardins d'enfance : l'atelier de menuiserie de son père (objets)
-Anti-stars : 20 équipes corporatistes (portraits)
-Sportifs : le sport à Valenciennes (portraits)
-Boîtes : enseignes commerciales et portraits
-Chroniques partagées : le train de Bamako à Dakar (portraits)
-Des clics et des classes : au collège (portraits et lieux)
-Uniformes : reconstitutions militaires (portraits)
-IGN 26050 : son territoire (lieux et portraits)
A coup sûr, Frédéric CORNU (1959) est avant tout passionné par le portrait qui permet les rencontres multiples. Il photographie les personnes en plan rapproché (buste) ou en plan moyen (en entier), de face, sans concession, sans attitude. Le décor, s'il est visible, a du sens. Sinon, il n'y en a pas.
La première impression, c'est la rigueur dans la prise de vue et, il faut le dire, une froideur due à la neutralité de l'expression des modèles. Est-ce la personnalité de Frédéric CORNU ou une posture esthétique ?
Vu les sujets traités, j'aurais tendance à penser que ce gars-là a un coeur chaud. En tout cas, son travail est utile dans le sens où il enrichit ceux qui regardent ces visages inconnus. Enfin, si on aime les gens... "Frères humains qui après nous vivez... disait François Villon. Nous faisons aussi nos photos pour notre descendance.

Alors ces portraits de "Balnéaires" (photos du site de Frédéric CORNU).







Il y a ainsi 50 portraits, réalisés à des périodes différentes mais dans une composition rigoureusement identique. 
Des phrases de l'écrivain Thierry Hesse qui signe la préface peuvent rester comme autant d'évidences :" Frédéric Cornu veut nous montrer des corps entiers : non plus quelconques mais pleinement singuliers, non plus instrumentalisés mais rendus à eux-mêmes [...] des corps compacts d'humanité dont le dehors, souvent ingrat, nous renvoie nos regards impudiques". Oui, nous avons là "des corps véridiques" qui "ne dissimulent rien mais nous rendent compte de labeurs substantiels dont ils ont conservé les traces, les marques ineffaçables, des scarifications qui ne sont pas seulement de l'âge". "Le corps humain [...] n'existe pas comme un lambeau de matière éclairé du dehors : il est un bloc d'histoire qu'illumine le dedans".
Je disais bien qu'il y avait un coeur "humain" dans le corps de Frédéric CORNU. Il en faut un pour manifester autant d'empathie pour ses semblables.

BALNEAIRES, 22 x 28 cm, 96 pages, 25 €, édition Snoeck Publishers
Contacter Frédéric Cornu par son site pour vous procurer le livre ou louer une exposition.

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