jeudi 24 septembre 2020

Nico JESSE, photographe

Nico JESSE (1911-1976) est un photographe hollandais dont je n'avais jamais entendu parler.

Mon ami Roland Bouëxel m'a donné à voir un livre concernant la Côte d'Azur, trouvé en brocante. Roland est passionné par la qualité des photos en héliogravure des années 50. En effet, ce petit livre touristique contient 80 images (paysages et scènes) de Nico JESSE d'un très beau rendu. Ceci m'a donné envie d'en savoir davantage sur son auteur. Je me suis procuré un des seuls livres disponibles : Femmes de Paris.


J'ai trouvé une version poche (11 x 17 cm) qui permet, malgré tout, d'avoir une bonne idée du livre original - les photos de cette version poche sont imprimées, elles aussi en héliogravure. Ce livre fut un gros succès commercial étant donné les diverses éditions où le texte de Maurois est imprimé en différentes langues (hollandais, allemand, italien au moins).

Vous constatez par le titre que c'est un livre signé André Maurois (1885-1967). On avait besoin d'une signature pour donner de l'importance à l'œuvre photographique. 40 pages de texte, souvent bien documenté, et 125 photos verticales dont je parlerai plus loin.

On a toujours besoin de signatures pour vendre des livres de photographie !

Dans ce texte de 1954, André Maurois raconte par exemple Juliette Gréco (1927-2020) qui vient de nous quitter :

"Elle était au début de la guerre de '39, un enfant aux beaux yeux, aux pommettes saillantes, à la voix profonde, aux longs cheveux noirs un peu raides. Elevée à Bordeaux, réfugiée en Dordogne au début de l'occupation, elle avait, dès le retour à Paris, vu sa mère et sa sœur arrêtées par les Allemands, puis déportées. Juliette avait voulu se faire arrêter aussi. La prison l'avait rejetée parce qu'elle n'avait que quinze ans. Elle se retrouva seule dans les rues, sans argent, sans amis, sans famille. Assise sur un banc de l'avenue Foch elle médita sur son destin. Que faire ? Près d'elle, dans le sable de l'allée, elle aperçut un ticket de métro et le ramassa. Il n'était percé qu'une fois, donc bon pour un voyage encore. Elle tenait le premier chaînon de sa fortune. [...]

Juliette et ses amies portaient les cheveux longs parce qu'elles n'avaient pas d'argent pour aller chez le coiffeur; elles portaient des pantalons d'homme (et parfois des culottes de cheval) parce qu'elles n'avaient pas d'argent pour s'acheter des bas; elles portaient des pull-overs noirs à col roulé parce qu'elles n'avaient pas d'argent pou envoyer des chandails clairs chez le teinturier; elles avaient l'air 'Inconnues de la Seine' parce qu'elles avaient faim et qu'elles étaient tristes..."

Un vrai récit "people".

André Maurois raconte ainsi les étudiantes, les modistes, les dames des halles, les concierges, les danseuses, les ouvrières et les employées...

Mais revenons au photographe. Nico JESSE est médecin mais il s'est passionné pour la photographie. Pendant la guerre, il a documenté la vie de sa région d'Utrecht. Au début des années 50, il délaisse l'hôpital et les malades pour le reportage. Il publie Femmes de Paris en 54, Espagne en 55, La Côte d'Azur en 56, Londres en 59, Rome  et Berlin en 60, Paris à nouveau en 62.

On raconte qu'il photographia 10 000 femmes de Paris en 10 jours !

Puis jusqu'au début des années 70, il pratique une photographie publicitaire et commerciale. Il reviendra à la médecine ensuite par manque d'argent.

C'est un intuitif qui aime capturer la vie dans ce qu'elle a de plus excitant. J'aime cette simplicité bienveillante. Sa photographie peut sembler ordinaire ou quelconque, elle est généreuse et vraiment humaniste. J'ai vraiment eu beaucoup de plaisir à découvrir tous ces personnages. Qui plus est, en hélio ! 












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